Sans voiture

A l’exception d’un voyage en train, à chaque fois que j’ai dû me rendre pour le travail à La Chaux-de-Fonds, je l’ai fait en voiture. Tout simplement inimaginable pour moi, alors, de le faire autrement; c’est si loin, si isolé. Rigolo donc d’avoir fait assez facilement – moyennant certes un peu plus de temps qu’à l’habitude – le trajet depuis la maison jusqu’aux contreforts de cette ville. 82km avalés en quelques heures pour atterrir au premier bivouac, l’appartement de la famille de Vivian.

Sa smala et lui m’ont toujours fasciné. Déjà, ils sont au nombre de cinq, il y a donc pas mal de vie au sein de leur tribu. Bien sûr, je pourrais vous parler des choix faits par son épouse et lui sur le plan de l’éducation et du développement personnel de leurs enfants (méthodes de pédagogie active, cirque, etc.). C’est passionnant. En même temps, comme le but de mon voyage tient tout d’abord à la question de la mobilité, c’est une particularité, très rare en Suisse, de cette famille qui mérite l’attention ici: elle ne possède pas de voiture.

Ce choix a des conséquences importantes sur leur vie et, au premier chef, le logement. Depuis que je les connais, il ont toujours habité en ville, Bienne puis La Chaux-de-Fonds. Autant que possible, leurs trajets sont effectués à pied, à vélo ou en train. Et, quand cela n’est pas possible ainsi, ils recourent aux services d’une société d’autopartage bien connue. Là où d’autres auraient fait le choix de posséder une voire deux voitures, leur cohérence les a poussés à résider en un endroit densifié, donc bien desservi par les transports en commun, limitant de facto la nécessité de la pourtant sacro-sainte automobile.

A mon arrivée devant chez eux, gros succès pour le vélomobile!
Les enfants, des voisins, tout l’immeuble descend voir ce qui est qualifié d’avion sans ailes. L’occasion de mettre du monde dedans, de découvrir les premières questions et d’échanger quant aux différents types de mobilité des habitants de la région. Les premières cartes de visites me sont demandées. Comme imaginé, je découvre des gens qui apprécient beaucoup la pratique du vélo mais qui ont trop peur de l’accident de la circulation pour davantage y recourir au quotidien. On souhaite plus de pistes cyclables, moins de voitures. « Si seulement! » entend-je souvent. On me parle d’une rue, pas loin, qui devrait devenir exclusivement piétonnière mais on ne sait pas pour quand précisément.

Heureusement, l’espoir est là. Dans les consciences des gens rencontrés comme, le lendemain, lorsque je découvre une rue merveilleuse au détour d’une déambulation dominicale – jeudi de l’Ascension oblige – à la recherche de croissants pour remercier mes hôtes de leur fantastique accueil. Deux bandes cyclables, pas de véhicules et là – juste là, au pied de l’immeuble – la perspective du changement; une farouche envie de résister au tout à la voiture.

Le constat, simple et clair, ne va vraisemblablement que se répéter tout au long de mon voyage; tout est possible puisque les solutions sont là. Ne reste plus qu’à vouloir le changement. Ce qui est fabuleux? Le fait que nous pouvons en décider.

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